LXXXVII. – Lettre de Jean-Joseph. Réponse
de Julien. – L'Océan, les vagues, les marées, les
tempêtes.
Par les lettres, nous pouvons converser les uns et les
autres malgré la distance qui nous sépare.
La veille du jour où le navire
devait partir, André reçut une lettre à laquelle il ne
s'attendait guère. Il regarda avec surprise tous les timbres dont la poste
l'avait recouverte : Clermont à Marseille, Marseille à Cette,
Cette à Bordeaux. Elle était allée à la recherche
des enfants dans les principales villes où ils avaient
passé.
– Que de peine la poste a dû se donner, dit
Julien, pour que ce petit carré de papier nous arrive ! je n'aurais
jamais cru que la poste prît tant de soin !
André ouvrit la lettre. Elle avait été
écrite par le brave petit Jean-Joseph. Ayant reçu quelques sous
pour la fête de Noel, il les avait employés à acheter un
timbre-poste et du papier ; puis, de sa plus belle écriture, il
avait écrit à André et à Julien pour leur souhaiter
la bonne année, pour leur dire qu'il ne les oubliait pas, qu'il ne les
oublierait jamais, que toujours il se rappellerait qu'il leur devait la
vie.
André et Julien furent bien émus en lisant la
petite lettre de Jean-Joseph ; cette preuve de la reconnaissance du pauvre
enfant d'Auvergne les avait touchés jusqu'aux larmes.
– Julien, dit André, toi qui as le temps, il
faudra, quand nous serons à bord du navire, répondre une longue
lettre à Jean-Joseph : cela lui fera plaisir.
– Oui, je lui raconterai notre voyage, cela l'amusera
beaucoup, et j'écrirai bien fin, pour pouvoir en dire bien long.
Oh ! que c'est donc agréable de savoir écrire,
André ! Quand on est bien loin de ses amis, quel plaisir cela fait
de recevoir des nouvelles d'eux et de pouvoir leur en donner !