Titre Précedent Suivant Sommaire Index | LI. — Le Nivernais et les bois du Morvan. — Les principaux arbres de nos forêts. — Le flottage des bois sur les rivières. — Le Berry et le Bourbonnais. — Vichy. Richesse de la France en eaux minérales. |
LI. — Le Nivernais et les bois du Morvan.
— Les principaux arbres de nos forêts. — Le flottage des bois
sur les rivières. — Le Berry et le Bourbonnais. — Vichy.
Richesse de la France en eaux minérales.
Les arbres nous donnent leur
ombre, leurs fruits, leur bois ; ils purifient l'air, retiennent la terre
par leurs racines et la rendent plus fertile en empêchant la
sécheresse.
On partit
du Creusot le lendemain matin. Bientôt même, on quitta le
département de Saône-et-Loire. On avait vendu au Creusot les
marchandises qui étaient dans la voiture, et Pierrot,
allégé de sa charge, trottait plus rapidement.
— Qu'est-ce dont que ces
montagnes si boisées que nous voyons à présent ?
demanda Julien ; est-ce encore la côte d'Or ?
— A quoi penses-tu donc,
Julien ? répondit le patron. Tu sais bien que la côte d'Or est
couverte de vignes. Nous avons quitté la Bourgogne : nous voici dans
le Nivernais ; les monts boisés que tu vois sont les collines du
Morvan.
—
C'est un pays qui doit produire beaucoup de bois, à ce qu'il me semble,
dit André.
CARTE DU NIVERNAIS, DU BERRY,
DU BOURBONNAIS ET DE LA MARCHE. — Ces provinces sont parfois couvertes de
landes et de marécages, comme dans le Berry. Le Nivernais et le
Bourbonnais ont à la fois une agriculture et une industrie très
actives : le Berry produit beaucoup de laines. Dans la marche, se trouvent
de petites villes industrieuses, comme Guéret et Aubusson, dont les tapis
sont renommés.
—
Oui, la richesse du département de la Nièvre, ce sont surtout ses
forêts. Il y a beaucoup de cours d'eau, au moyen desquels on
expédie les bois en les faisant flotter. N'as-tu pas déjà
remarqué, Julien, le long de notre route, ces bois et ces grosses
bûches qui descendent tout seuls les rivières.
FLOTTAGE DES BOIS DANS LA
NIÈVRE. — Pour transporter sans frais les bois abattus, on les
amène jusqu'au bord des rivières ou des ruisseaux, et on les y
jette pêle-mêle, bûche à bûche. Quand les bois
sont descendus jusqu'à l'endroit où la rivière
s'élargit et devient navigable, on les arrête et on les dispose en
forme de radeaux dits
trains de
bois, sur lesquels montent les mariniers pour les
diriger.
— Oui, oui : il y a
sur le rivage des ouvriers armés de crocs qui empêchent les
bûches de s'arrêter en chemin.
— Eh bien, c'est un homme
de la Nièvre, Jean Rouvet, qui a eu le premier, il y a déjà
quatre cents ans, la bonne idée de faire flotter les bois de cette
manière en les abandonnant au cours de l'eau. Ainsi arrivent
jusqu'à Paris et dans les autres villes les bois qui servent à
chauffer les habitants ou à construire les maisons.
LES ARBRES DE NOS
FORÊTS. — Le
chêne
est un arbre magnifique qui vit communément 100 ou 150 ans et qui
dépasse parfois 500 ans. Son bois est un des plus durs : son
écorce, appelée
tan, sert
au tannage des cuirs ; ses
glands
servent à nourrir les porcs. — La France possède aussi de
grandes forêts de châtaigniers, qui se trouvent surtout dans le
Limousin, l'Auvergne, les Cévennes, etc. Les
châtaignes
forment un des principaux aliments des
montagnards de ces pays. — L'orme, qui sert à ombrager la plupart
de nos grandes routes et de nos promenades, est aussi un très bel arbre
donnant d'excellents bois de charpente et de chauffage. — Les pins,
qui nous donnent la résine, croissent en grand nombre dans la Gascogne et
la Provence.
—
Tiens, dit Julien, voilà justement des bûcherons qui abattent
là-bas de grands chênes. Partout où on regarde, on ne voit
rien que ces chênes.
— C'est que le chêne
est le principal de nos arbres ; il couvrait autrefois presque toute la
France. Mais nous avons aussi le châtaignier, l'orme, le hêtre, le
pin et le sapin.
— Oh ! pour les pins
et les sapins, nous les connaissons bien, dit André : il y en a
assez dans les Vosges.
— Ici, dans la
Nièvre, c'est le chêne qui domine.
— Le chef-lieu de la
Nièvre, c'est Nevers, se mit à dire le petit Julien tout fier, car
il cherchait cela depuis deux minutes ; et Nevers est sur la
Nièvre.
— Eh bien, savant petit
Julien, dit le patron, tu te rappelleras qu'il y a à Nevers une
importante fonderie de canons pour la marine, où l'on fond les canons en
coulant le métal dans des moules, comme nous avons vu faire au Creusot.
Un peu plus loin, à Bourges, se trouve aussi une fonderie d'armes.
MOULE D'UN CANON. — Ce
moule se trouve placé sous terre. On verse dedans le métal
fondu ; ensuite, quand le métal est refroidi, on brise le
moule : le métal a pris la forme d'un canon.
—
Bourges, c'est l'ancienne capitale du Berry et le chef-lieu du Cher, n'est-ce
pas, monsieur ? dit André.
—
Précisément. Et toit, Julien, n'as-tu jamais entendu parler du
Berry ?
— Oh ! si, monsieur
Gertal, car on parle toujours des moutons du Berry, ce qui me fait penser qu'il
doit y avoir de beaux moutons dans ce pays-là.
— Tu ne te trompes pas, et
les laines du Berry sont renommées.
— Est-ce que nous allons
encore voir Bourges et le Berry, monsieur Gertal ?
— Comme tu y vas,
Julien ! Nous ne voyageons pas pour notre plaisir, mais pour nos affaires,
et nous ne pouvons visiter toutes les villes de France. Nous n'avons point
d'affaires dans le Berry. C'est dans le Bourbonnais que nous allons
bientôt entrer. Le Bourbonnais a formé le département de
l'Allier.
—
Julien, dit André, quel est le chef-lieu du département de
l'Allier ? Le sais-tu aussi bien que celui de la Nièvre ?
— L'Allier, dit Julien en
cherchant, l'Allier... chef-lieu... Eh bien, ne voilà-t-il pas que je ne
me rappelle point du tout !
— Et le petit
garçon baissa la tête, tout honteux.
— Chef-lieu Moulins, dit
M. Gertal. Allons, Julien, nous passerons demain à Moulins ; cela
fait que tu connaîtras cette ville et tu ne l'oublieras plus.
LA BUVETTE DES EAUX
MINÉRALES À VICHY. — Dans les établissements d'eaux
minérales, on voit l'eau de la source sortir de la terre ou du rocher,
bouillante, tiède ou froide. L'endroit où viennent boire les
malades s'appelle la buvette.
—
Mais dites-moi, monsieur Gertal, qu'y a-t-il donc à se rappeler dans le
département de l'Allier ?
— C'est, je crois, dans
l'Allier que se trouve Vichy, le grand établissement d'eaux
minérales, dit André.
—
Justement, dit le patron.
— Moi, je sais ce que
c'est que les établissements d'eaux pour les malades, dit Julien. En
Lorraine, il y a Plombières, et
M
me
Gertrude m'a raconté cela ; et puis j'ai vu Plombières dans
des images.
— Eh bien, Vichy est le
plus grand établissement d'eaux minérales du monde entier :
il s'y est rendu, en certaines années, jusqu'à cent mille
personnes. Tous ces gens venaient pour remettre leur santé, pour boire
l'eau chargée de divers sels qui jaillit toute chaude de terre, et pour
prendre des bains dans cette eau. C'est que, vois-tu, petit Julien, les eaux
minérales sont encore au nombre des principales richesses de la
France : nul pays ne possède autant de sources
célèbres pour la guérison des maladies.