Titre Précedent Suivant Sommaire Index | CXXV. – Les projecteurs électriques sur les navires. – La Télégraphie sans fil. – Le Téléphone. – Le Phonographe. – Le transport à distance de la force motrice. – Les tramways électriques. – Le Métropolitain.

CXXV. – Les projecteurs électriques sur les navires. – La Télégraphie sans fil. – Le Téléphone. – Le Phonographe. – Le transport à distance de la force motrice. – Les tramways électriques. – Le Métropolitain.

Parmi les forces de la nature qui sont soumises à l'homme, il n'y en a pas de plus rapide à lui obéir que l'électricité. Un simple bouton à tourner, voilà la gaie lumière qui s'épanouit. De même pour la force motrice qu'elle amène, la chaleur qu'elle donne, le mouvement qu'elle transmet. L'électricité, en moins d'une seconde, peut faire huit fois le tour de la terre.
Victor, après un temps de repos, reprit avec enthousiasme : – La grande merveille, à l'heure présente, celle dont notre vingtième siècle attend chaque jour des découvertes nouvelles, c'est l'électricité. Voyez, monsieur Guillaume, sur ces cuirassés, sur ces contre-torpilleurs, on peut, avec des projecteurs électriques, par la nuit la plus noire, inspecter l'horizon à de longues distances. Instantanément, au moyen d'un simple bouton, voilà de longs rayons éblouissants qui s'élancent du projecteur et s'étalent au loin, en éventail, à plusieurs centaines de mètres. On dirige dans tous les sens leur nappe lumineuse au milieu de la nuit ; on l'éteint, on la rallume avec une rapidité qui tient du prodige. Supposez que, sur la côte ou sur la mer, vous vous promeniez dans les ténèbres ; le rayon passe, vous voilà subitement enveloppé de clarté. Il s'éloigne, vous retombez dans les ténèbres. Il visite un autre point de l'horizon et celui-ci s'inonde de lumière. Le rayon s'éteint, reparaît, ou s'évanouit enfin, lorsqu'à bord on a vu tout ce qu'on voulait voir.
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TÉLÉGRAPHIE SANS FIL. – La télégraphie sans fil permet d'envoyer des dépêches au loin sans avoir besoin de fils télégraphiques, grâce aux découvertes du professeur français Branly et de bien d'autres.
Il y a d'autres appareils, électriques également, qui permettent aux bateaux en pleine mer de communiquer sans fils ni cables, soit avec la côte, soit avec un autre navire éloigné qui passe. C'est la télégraphie sans fil. On a pu envoyer ainsi une dépêche d'Angleterre en Amérique.
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TÉLÉPHONE. – Le mot téléphone signifie : qui parle au loin. On transmet le long des fils électriques un courant qui réussit à reproduire les sons de la voix.
– Alors, dit Guillaume, la grande solitude de la mer est vaincue et l'obscurité inquiétante de ses longues nuits peut s'éclairer ! Que de merveilles ! Quels changements dans les voyages !
– Dans nos villes aussi, monsieur Guillaume, l'électricité a changé l'existence. Les maisons particulières, les usines ont des postes téléphoniques bien commodes ; mais ceux-là avec des fils. Les gens d'affaires, sans quitter leur bureau, conversent avec leurs clients des villes voisines au moyen d'un cornet et d'une plaque. Un timbre résonne. C'est l'appel d'un client ou d'un ami. Vous approchez le cornet de votre oreille, la voix de celui qui vous appelle vous arrive. Vous lui répondez en parlant près de la plaque, et votre voix retourne à lui comme la sienne vous était arrivée. Jadis il aurait fallu faire une ou deux journées de voyage pour venir causer avec vous. Aujourd'hui il suffit de pousser le bouton du téléphone pour engager la conversation.
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PHONOGRAPHE. – Le phonographe garde l'empreinte des sons et peut les reproduire comme la photographie reproduit la forme des objets.
Il y a aussi le phonographe qui enregistre tous les sons, particulièrement la voix humaine, et qui reproduit à volonté tout ce qui a été inscrit sur ses rouleaux : discours d'un orateur, airs chantés par un artiste, poésies déclamées. L'orageur peut n'être plus de ce monde, l'artiste aussi, n'importe ; le phonographe a gardé le timbre particulier de la voix : elle vibre encore. Elle pourra vibrer toujours.
– Ces inventions sont belles, dit André ; merci de nous les faire connaître, monsieur Victor. Ici, loin de la ville, plongés dans le travail des champs, elles n'arrivent pas jusqu'à nous. Seule, notre mémoire remplace pour nous le phonographe dont vous parlez. En suivant le sillon que la charrue trace, bien souvent nous songeons au passé. Les voix que nous avons aimées retentissent alors à nos oreilles, nettes et éloquentes comme jadis. La vôtre, à présent, restera parmi celles qui ne s'oublient pas.
Victor serra la main d'André affectueusement et continua :
– On transporte aussi la force, et de très loin, avec des fils électriques. Cette force est produite par des machines appelées dynamos, et elle est utilisée par des moteurs électriques, petits ou grands. Ces moteurs obéissent au simple mouvement d'un bouton qu'on tourne. Ils élèvent des ascenseurs. Ils font fonctionner des pompes qui montent l'eau des plaines au sommet des collines arides. Ils servent à toutes sortes d'usages industriels. On les a même employés pour les ballons dirigeables.
– Comment ? dit Guillaume, les ballons sont enfin dirigeables ?
– Oui, quand la vitesse du vent n'est pas trop grande. Encore quelques efforts et on aura trouvé le moyen de résister au vent.
Le ballon dirigeable du commandant Renard, « la France », muni d'une dynamo, a fait sept ascensions et, le premier, a pu cinq fois revenir à son point de départ.
Depuis, d'autres ballons dirigeables, mus par des moteurs à pétrole, ont réalisé de nouveaux progrès en faisant un grand nombre d'ascensions et en revenant toujours à leur point de départ.
– Que de changements merveilleux ! s'écria Frantz.
– Oui, monsieur Frantz. A présent, dans nos villes, les tramways électriques, les tramways à vapeur font concurrence aux tramways à chevaux. Les automobiles, les motocyclettes, les bicyclettes sillonnent nos routes.
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MÉTROPOLITAIN. – Le Métropolitain rend est le chemin de fer électrique qui parcourt sous des tunnels la métropole ou capitale. Il a été inauguré au commencement de ce siècle et n’est pas encore complètement terminé.
A Paris, comme à Londres, un chemin de fer électrique et souterrain, le Métropolitain, transporte rapidement tout le monde d'un point à un autre de la grande cité et pour des prix très modiques. L'ouvrier et l'ingénieur, l'homme d'affaires ou le promeneur, tous s'y précipitent. On voit les gens qui partent descendre en foule sous le sol par un côté de l'escalier, au-dessus duquel est inscrit : entrée. En même temps, ceux qui arrivent remontent, non moins nombreux, par l'autre côté de l'escalier, au-dessus duquel est écrit : sortie. Les galeries souterraines sont largement éclairées à l'électricité. Les trains se succèdent toutes les cinq minutes et même plus rapidement.
Le Métropolitain rend de grands services : il va vite, il transporte beaucoup de voyageurs à la fois, il diminue dans les rues le dangereux encombrement des voitures.