CXXII. – L'Institut Pasteur de Nha-trang dans
l'Annam.
La France, toujours généreuse, donne
à tous, sans compter, ses bienfaits et ses secours.
Tout en faisant honneur à la
tarte aux pommes, le petit Jean écoutait de toutes ses oreilles la
conversation des grandes personnes. Comme il était placé
auprès de son ami M. Gertal, il se risqua à lui dire,à
demi-voix :
– Où donc trouve-t-on tous les sérums
dont on vient de parler ?
– On a, répondit M. Gertal, établi
beaucoup d'Instituts Pasteur. Ce sont de grands laboratoires où les
élèves de Pasteur, s'aidant des méthodes du maître,
préparent les sérums et les distribuent partout. En même
temps, ils font des recherches pour en découvrir d'autres et
guérir d'autres maladies. Mon fils Victor, qui revient de l'Annam, va
vous parler de l'Institut pasteur qu'on a établi en 1896, à
Nha-trang, sur le rivage de la mer de Chine.
– Quoi ! s'écrièrent les enfants,
vous avez été si loin, monsieur Victor ?
– Mais oui, je suis allé en 1901, comme
aide-vétérinaire, passer quelques temps à Nha-trang. C'est
là, aux bords de la mer de Chine, que s'installa en 1896 le Dr Yersin,
avec ses collaborateurs, deux vétérinaires militaires ; c'est
là qu'ils firent les premiers travaux pour combattre la peste
humaine.
A présent, grâce au sérum du Dr Yersin,
on peut réduire de 50 p. 100 les décès causés par la
peste.
L'Institut Pasteur de l'Annam en fabrique de grandes
quantités pour pouvoir répondre aux demandes. De 1897 à
1902, cet Institut a pu en fournir continuellement pendant les
épidémies de peste qui se sont produites aux Indes anglaises, en
Indo-Chine, à Haïnan, au Japon, à l'île de la
Réunion, à la Nouvelle-Calédonie. Ces sérums, sur
l'ordre du Gouverneur général de l'Indo-Chine, ont
été cédés gratuitement à tous avec une
libéralité qui honore la France.